Armée

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Le  GSsA   depuis ses débuts


La création du GSsA - Groupe Suisse sans armée

Le 12 septembre 1982, 120 personnes fondaient le GSsA, dans le but de lancer une initiative populaire pour abolir l'armée suisse.

Formé en 1982 dans le cadre du mouvement pacifiste des années 1980, le GSsA milite contre l'armée suisse par divers moyens: rassemblements, manifestations, fêtes, protestations symboliques, prises de position, publications, lancement d'initiatives. Son principal coup d'éclat fut le score surprenant (35,6% d'avis favorables) obtenu le 26 novembre 1989 par son initiative «pour une Suisse sans armée et pour une politique globale de paix», déposée en 1986.

Le noyau du groupe est formé d'alternatifs. Le GSsA est issu des "Juso", les Jeunesses socialistes alémaniques. Il fut créé précisément pour lancer en toute indépendance (le PS n'était pas chaud à l'époque) l'initiative pour la suppression de l'armée. En dix ans le groupuscule a pris les dimensions d'un véritable mouvement. Il déclare 30 000 adhérents dont 5000 en Suisse romande.

Une machine à récolter des signatures en un temps record !

Résolument révolutionnaire, le GSsA ambitionne de
- révolutionner la Suisse avec des armes démocratiques en usant de la démocratie directe pour lancer des idées radicales et des revendications libertaires
- proposer une réflexion plus générale sur la sécurité car les menaces ne sont plus guère du genre militaire. On ne se protège pas du risque nucléaire ou de l'immigration avec des avions. L'urgence est au social.

On est plutôt jeune au GSsA, se mobilisent les vingt ans. Les fondateurs : Andy Gross (PS), Adrian Schmid, le Genevois Paolo Gilardi (professeur d'histoire, solidaritéS), le Vaudois Jean-Michel Dolivo (avocat, solidaritéS), Nico Lutz, 23 ans, (étudiant en géo) sont les organisateurs et ils rejettent les programmes politiques, le rituel électoral, la prééminence des chefs, la propagande.

Le GSsA n'est pas un parti mais un mouvement pluriel, un mouvement social fort de la diversité des opinions qui le composent. Il est composé par les Verts, les pacifistes, les féministes, les antinucléaires, des libertaires, des socialistes antimilitaristes, objecteurs de conscience. Une Suisse rouge-verte, écolo et alternative.

Le GSsA recrée un pont avec la société civile et le GSsA utilise les coups médiatiques (la récolte record des signatures contre le F/A-18). C'est une opposition radicale flanquée d'une opportunité tactique. Adepte du vote symbolique, il fait avancer la réflexion sur !a nécessité d'une autre politique de défense. Le GSsA s'insère dans l'air du temps. Ni parti ni secte, il offre un cadre d'action. L'idéal pour une jeunesse qui se cherche et cherche d'autres moyens de participation.

La Suisse ferait plus pour résoudre les conflits dans le monde si elle n'entretenait pas d'armée, si elle investirait aussi davantage dans la sécurité sociale.





Le GSsA est un mouvement des antimilitaristes qui ratisse large

Des pacifistes aux rouges-verts, des repentis du gauchisme aux alternatifs . . .

Ils ont voulu voir le diable. II est là devant eux, affable et calme, qui répond à toutes les questions. Les jeunes radicaux de Gümligen, banlieue proprette de Berne, frémissent ce jeudi soir à l'horreur des propos et au plaisir de tenir sous la main l'homme qui chamboule la Suisse. Andreas Gross dénigre le F/A-18. Ça ne les intéresse pas trop. Ils sont plutôt favorables à l'avion. Ce soir, ils sont curieux d'autre chose. Qui est vraiment cet enfant de bonne famille - comme eux - qui fait dans l'épate et le révolutionnaire? Andreas Gross leur parle de Rosa Luxemburg, de son ami le roi de Roumanie réfugié à Genève mais qu'il verrait d'un bon oeil de retour au pays présidant une monarchie constitutionnelle, de Gorbatchev, de la chute du Mur et des délices de la démocratie directe. «Sans elle, le GSsA n'existerait tout simplement pas...» On ne peut pas être méchant quand on est si éclectique !

En 1989, il était maudit. Aujourd'hui, on le réclame partout, on le somme de s'expliquer. Un vendredi qu'Andreas Gross enseignait à l'Université de Marbourg près de Francfort, Christoph Blocher lui a payé le vol du retour pour qu'il assiste le soir même à l'assemblée de l'UDC (il a raté l'avion et rejoint Zurich en taxi...). «Vous n'aimez pas qu'on démonise Blocher, dit-il à ses adversaires, alors ne me démonisez pas !» Andreas Gross ne veut pas qu'on le prenne pour un diable. Même les conservateurs commencent à l'écouter. II arrive qu'ils applaudissent: «Je gagne en crédibilité, constate-t-il, quand je débats par exemple avec Edgar Oehler, le démocrate-chrétien saint-gallois, c'est son cynisme qui transparaît ...» La bonne foi contre le cynisme politicien. Pour elle, Andreas Gross et les siens sont prêts à tous les débats. Rien ne leur tient plus à coeur que de démontrer patiemment que leur projet ne doit rien à un enfantillage gauchiste, à une stratégie nihiliste, qu'il s'insère dans une réflexion plus générale sur la sécurité. Les menaces ne sont plus guère du genre militaire. On ne se protège pas du risque nucléaire ou de l'immigration avec des avions. L'urgence est au social, crise oblige. Du sérieux quoi. A Emmen, Adrian Schmid, autre pilier du mouvement, est allé défendre l'initiative à deux pas des usines qui fabriqueront des pièces de l'avion. Avec peine. Qu'importe, expliquer, expliquer encore. A Genève, Paolo Gilardi s'est rendu un matin chez Derendinger, à l'invitation du patron, dont les commandes dépendent essentiellement de l'industrie aéronautique américaine. «Ne réclamez pus seulement l'achat du F/A-18, a-t-il dit aux employés, exigez le recyclage de l'usine.»

Secrétaire de l'Association des locataires, objecteur après deux cours de répétition, ce qui lui a valu six mois de prison, député des Verts au parlement de la ville, Adrian Schmid, 37 ans, milite au GSsA depuis sa création, en 1982. La clé du succès? «C'est d'avoir usé de la démocratie directe polar lancer des idées radicales», lance-t-il avec l'assurance de celui qui a déjà réfléchi à la question. Révolutionner la Suisse avec des armes démocratiques, à portée de main. Une génération de gauchistes n'a rien vu passer. Elle a usé ses neurones à ébaucher une théorie de l'action et ses semelles à distribuer des tracts. «Pendant des années on a discuté du service civil, du nucléaire, de Rothenthurm, de la taxe militaire, au fond on a tourné autour du pot...» Le F/A-18 ne serait donc lui aussi qu'une étape vers la suppression de l'armée, comme le répètent les adversaires de l'initiative ? «Pas du tout, assure-t-il, que les Suisses se rassurent, pour une suppression ils auraient à nouveau à voter !» Après tout, les défenseurs de l'EEE usaient du même argument: «L'adhésion? mais ce sera un autre vote ...» L'objectif ultime du Groupe risque fort pourtant de rebuter ceux qui rejettent l'avion sans arrière-pensée de démantèlement militaire. «C'est vrai, reconnaît Adrian Schmid, nous avons cru que le vote de 1989 avait provoqué un bouleversement plus profond des mentalités. Nous avons jugé avec trop d'euphorie le degré d'antimilitarisme dans ce pays...»

30 000 adhérents

Le GSsA est issu des "Juso", les Jeunesses socialistes alémaniques. Il fut créé précisément pour lancer en toute indépendance (le PS n'était pas chaud à l'époque) l'initiative pour la suppression de l'armée. En dix ans le groupuscule a pris les dimensions d'un véritable mouvement. Il déclare 30 000 adhérents dont 5000 en Suisse romande - qu'ils cotisent ou soient simplement abonnés au journal du GSsA. Pour la campagne, il dispose presque d'un demi-million de francs grâce aux dons et aux ventes de gadgets de toutes sortes estampillés anti-F/A-18. A Zurich, il a ouvert une échoppe pour écouler plus rapidement sa marchandise. Au lendemain de la manifestion de Berne, la NZZ notait avec ironie que la fête tenait plus de l'open air que du rassemblement politique. «C'est une erreur de séparer le rock de la politique ...», dit Andreas Gross. A ses yeux, une génération est en marche. Elle n'aurait plus grand-chose à voir avec Mai 68, si ce n'est la revendication libertaire. «Les soixante-huitards n'étaient pas des pacifistes, ils admiraient la milice comme Jaurès...»

On est donc plutôt jeune au GSsA. Autour du noyau des fondateurs désormais quadras comme Andy Gross, Adrian Schmid, le Genevois Paolo Gilardi, le Vaudois Jean-Michel Dolivo, se mobilisent les vingt ans. Nico Lutz, 23 ans, étudiant en géo - «Cette année je la passe davantage au GSsA qu'à l'Uni» - est l'un des organisateurs de la fête bernoise de l'autre week-end. Les programmes, le rituel électoral, la prééminence des chefs, la propagande, c'est précisément tout ce qu'il rejette. Le GSsA a cet avantage, essentiel à ses yeux, de ne pas être un parti.

C'est plutôt une sorte de loisir militant que l'on pratique à côté des heures plus strictement politiques. La Saint-Galloise Pia Hollenstein est conseillère nationale verte. Le Bernois Peter Sigerist siège au législatif de la ville avec la Grüne Bündnis, Jean-Michel Dolivo, Paolo Gilardi appartiennent à solidaritéS. On vient quand on peut au GSsA. On se mobilise quand on veut. Lorsqu'il s'agit par exemple de récolter des signatures en un temps record. Cette mobilisation éclair et ponctuelle vaut toutes les organisations militaires. «Le noyau du groupe est formé d'alternatifs, explique le politologue Hanspeter Kriesi, mais il dispose d'un potentiel formidable puisqu'il est en mesure de décrocher des majorités lors des votations.» En Suisse alémanique il attire les Verts, les pacifistes, les féministes, les antinucléaires, des socialistes aussi - souvent plus antimilitaristes que la plupart des socialistes romands. Un melting-pot qui s'était déjà formé contre l'Espace économique européen. Une Suisse rouge-verte, écolo et alternative, souvent tentée par le repli sur soi.

Un vrai cadre d'action

«Le GSsA recrée un pont avec la société civile», explique Mark Haldimann. Ce Biennois de 39 ans, objecteur de conscience, fait partie d'un collectif de travail, une petite imprimerie autogérée. Il est le libertaire du GSsA. Il n'aime pas les coups médiatiques et n'a donc pas récolté des signatures contre le F/A-18. «L'opposition radicale est plus importante que l'opportunité tactique. Le vote sur le F/A-18 est surtout symbolique ! Il fait avancer la réflexion sur !a nécessité d'une autre politique de défense», dit-il. Mark Haldimann ne fera pas l'objet d'une excommunication. Dans ce "mouvement pluriel", comme le désigne Jean-Michel Dolivo, toutes les tendances trouvent leur place. «C'est sa force d'être un mouvement social, estime le Vaudois, on peut le soutenir tout en étant radical ou PDC.»

«Je ne rêve pas d'une société idéale dont j'aurais la claire vision, dit Renate Schoch, une Zurichoise de 28 ans, l'une des deux permanentes du GSsA, Je crois simplement que si la Suisse n'entretenait pas d'armée, elle ferait plus pour résoudre les conflits dans le monde. Elle investirait aussi davantage dans la sécurité sociale...» Si le GSsA se prenait à jouer les partis, il exploserait très vite à cause de la diversité des opinions qui le composent. Le GSsA s'insère dans l'air du temps. Ni parti ni secte, il offre un cadre d'action. L'idéal pour une jeunesse qui n'est pas revenue de tout, déjà plus "bof", pas encore grunge.


La constellation GSsA . . .

Les "réalos"
Andreas Gross, Adrian Schmid, Peter Sigerist, Jo Lang, Leo Boos, Marc Spescha
Les fondateurs. Quadras de la politique, ils ne dédaignent pas les mandats législatifs. Ils aiment les coups médiatiques et pratiquent les petits pas.

Les pacifistes
Toni Bernet (Conseil suisse de la paix)
Ils ont dû céder le terrain à plus efficaces qu'eux. Le GSsA est désormais inévitable pour un pacifiste.

Les chrétiens
Willi Spieller, Jean-Pierre Wenger, Beat Rüegger
Preuve de la largeur du spectre GSsA, on y trouve aussi des contempteurs de l'armée pour raisons religieuses.

Les "fundis"
Mark Haldimann, Georges Tafelmacher
Ils sont plutôt romands et libertaires. Peu éblouis par l'efficacité, volontiers anars, ils se méfieraient plutôt du succès médiatique. Ils préfèrent encore l'idéalisisme des pionniers.

Les Verts
Pia Hollenstein, Cécile Bühlmann
L'idée qu'on puisse commencer à démanteler les forces armées dans le cadre strict des frontières helvétiques séduit les adeptes du small is beautiful. Ce sont essentiellement des écolo alémaniques.

Les centristes
Jean-Michel Dolivo, Paolo Gilardi
Encore trop gauchistes aux yeux des Alémaniques, on peut malgré tout les placer au centre du Groupe. Abolitionnistes sans impatience, réalistes pas encore intégrés dans les législatifs, ils défendent une valeur rare au GSsA: le rapprochement avec l'Europe, même institutionnelle.



Le destin d'Andreas Gross ou la trajectoire d'un indépendant

Andreas Gross - conseiller national socialiste zurichois, politologue et historien, spécialiste de la démocratie directe

Après l'obtention de son bac en 1972, le bâlois Andreas Gross ne cessera d'être indépendant et trouvera toujours le moyen de vivre de son activité intellectuelle. Il travaille tout d'abord comme journaliste sportif couvrant des courses automobiles! Il financera entièrement ses études en histoire à Zurich et en politologie à Lausanne. La démocratie directe devient très rapidement son principal objet d'études, notamment grâce à l'enseignement du professeur français Georges Haupt. Cheville ouvrière du GSSA (groupe pour une Suisse sans armée) et de la fameuse initiative «Pour une Suisse sans armée» dont le résultat fut un véritable électrochoc pour la classe politique suisse (plus de 35% de oui), il entre au parlement fédéral en 1991. Chercheur indépendant, Andreas Gross partage principalement son temps entre le parlement et le Conseil de l'Europe. Il est également chargé de cours à l'université de Speyer, en Allemagne. Cet intellectuel de premier ordre nous a gratifiés d'un premier entretien à Berne, le 29 septembre 2004.




Historique

de sa création jusqu'aux dernières votations

Résumé du long parcours du GSsA dans les méandres de la politique suisse...


Date     Matière - Actions - Votations     Résultats

 
12 septembre 1982   fondation du GSsA par les Juso  
1985 - 11 nov. 1986 lancement et dépôt de l'initiative «pour une Suisse sans armée»  
5 avril 1987 votation initiative «demandant le droit de référendum en matière de dépenses militaires» (PS) 55%  non
6 décembre 1987 votation initiative «pour la protection des marais - Initiative de Rothenthurm» 57%  oui
26 novembre 1989 votation initiative «pour une Suisse sans armée et pour une politique globale de paix» 36%  oui
1991 - 1993 Campagne «Refus de servir» et la dépénalisation de l'objection de conscience
- suivi des procès d'objecteurs
 
22 février 1991 référendum code militaire «projet Barras» 55%  non
17 mai 1991 arrêté fédéral introduction service civil 82%  oui
6 juin 1992 dépôt initiative «pour une Suisse sans nouveaux avions de combat» 225'000 
6 juin 1993 votation initiative F/A-18 57%  non
6 juin 1993 votation initiative «40 places d'armes ça suffit !» 55%  non
12 juin 1994 référendum Loi militaire «opérations maintien de la paix à l'étranger» 57%  non
25 septembre 1994 référendum Code Pénal Militaire 54%  oui
8 juin 1997 votation initiative «pour l'interdiction d'exporter du matériel de guerre» 77%  non
1998 - 10 sept. 1999 lancement et dépôt de l'initiative Suisse sans armée 2  
7 juin 1998 votation initiative «pour une Suisse sans police fouineuse» 75%  non
26 novembre 2000 votation initiative «économiser dans l'armée» 62%  non
10 juin 2001 référendum LAAM «promotion de la paix à l'étranger» 51% oui 
2 décembre 2001 votation initiative «pour un service civil volontaire pour la paix» 76%  non
2 décembre 2001 votation initiative «pour une politique de sécurité crédible et une Suisse sans armée» 78%  non
18 mai 2003 référendum LAAM «service long» 76%  oui
30 Avril 2006 lancement de l'initiative «interdiction d'exportation des armes» 130'000
06 juin 2008 lancement de l'initiative «contre les nouveaux avions de combat - bis» en cours
     







L I E N S



Le GSsA   -   c'est quoi ?

brève histoire   -   de la gauche et de l'armée en Suisse

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Date de création : 20.09.2006   -   Dernière modification : 11.09.2008
Par :   Georges Tafelmacher   ©left 2006


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