Armée

DOSSIER   Historique d'un Groupe


Les objectifs du  Groupe Suisse sans Armée...

...sont-ils encore réalisables ?

Qui ne s'est pas demandé que faire face à des réalités d'abus économiques, de mainmise sur des vies humaines, de morts inutiles... Et si on agissait, enfin, après s'être interrogé ?



Je déplie mon journal, j'allume ma télévision, j'ouvre les oreilles dans l'ascenseur, j'écoute la radio... et les conflits armés qui augmentent, et la violence qui se fait maîtresse des informations quotidiennes et moi, je n'ai plus le droit de l'ignorer... et toi ?

Le but de cette article est de promouvoir une réflexion élargie pour amener une prise de conscience véritable. Le GSsA voit son combat plus que jamais d'actualité, le pacifisme n'est plus une simple utopie comme il est trop souvent présenté, il est une nécessité urgente et les membres du GSsA luttent et lutteront tant que les guerres et les inégalités blesseront des vies humaines. Pourquoi accepter un gaspillage indécent par le budget militaire incontesté quand restrictions et privatisations remettent en cause les minima vitaux indispensables que sont l'accès aux études, aux soins, au travail, au logement? Pourquoi accepter que la place financière suisse s'enrichisse en tant que paradis fiscal et ferme yeux, bouche, oreilles aux conflits mondiaux ?

Le développement des injustices n'est pas fatal et nous désirons amener tout un chacun à une réflexion productrice de paix. Nous ne voulons pas nous voiler la face, notre devoir est de dénoncer le système capitaliste générateur d'inégalités qui réduit une majorité de la population mondiale à l'état de survie; nous devons répéter sans cesse, ensemble, que les réponses armées ne sont pas des solutions viables ni à court, ni à long terme et que nous avons la force de faire changer ces réalités révoltantes.

Nous restons persuadés que les objectifs de paix, d'entente, de conciliation, de justice que prône depuis toujours le GSsA sont plus que jamais indispensables. Nous voulons le démontrer dans cet article dans l'espoir que toi, vous, puissiez amener le monde à un futur différent. Dans l'espoir de se réveiller demain aux sons d'un téléjournal égalitaire et pacifiste.

L'armée, facteur d'insécurité ?

En 1989, l'initiative «Pour une Suisse sans armée et une politique globale de la paix» a été acceptée par 35,6% des votants et a permis pour la première fois une remise en question sérieuse de l'institution armée. Le GSsA a offert au peuple à plusieurs reprises la possibilité de se prononcer sur des objets liés à l'armée et à la promotion de la résolution non-violente des conflits. Les dernières initiatives, visant à supprimer l'armée suisse et à la remplacer par un service civil pour la paix, ont été refusées le 2 décembre 2001, dans un climat de peur et de repli largement provoqué par la propagande antiterroriste lancée par les États-Unis à la suite des attaques contre des tours jumelles et ses 2900 morts.

L'armée suisse n'est donc pas sur le point de disparaître. Elle évolue en revanche en diminuant ses effectifs et en augmentant parallèlement ses investissements dans l'armement, dans des proportions garantissant que ses dépenses restent plus ou moins constantes. L'armée dispose ainsi d'un budget de 4,8 milliards de francs pour 2003, auxquels il faudra rajouter les coûts supportés par les entreprises et par les salariés, une somme du même ordre de grandeur.

Les dépenses par habitant et par année pour l'armée place la Suisse au même niveau que les grands pays européens (9,4% du budget fédéral). Une armée professionnelle, même en effectif réduit, ne coûterait pas moins cher, puisque l'acquisition d'armement croîtrait en conséquence. De plus, les coûts d'une telle armée seraient entièrement à charge de la collectivité, à la satisfaction des milieux économiques. Les objectifs de l'armée sont variés, allant de la sécurité intérieure à la défense territoriale en passant par des opérations militaires de soutien de la paix à l'étranger. En bref, l'armée est un fourre-tout destiné à garantir notre «sécurité».
Le fait-elle? La Suisse n'est pas menacée militairement et une guerre en Europe serait un acte suicidaire, au vu de la concentration d'usines chimiques et de centrales nucléaires. Pour chacune des autres tâches qu'elle s'est fixée, l'armée est inadaptée et beaucoup trop chère par rapport à ce qui pourrait être fait par des organismes adéquats.

Les vrais dangers

Les vrais dangers d'aujourd'hui sont les inégalités croissantes entre les êtres humains, la régression des assurances sociales, l'augmentation de la consommation d'énergie et de la pollution, le réchauffement du climat, la gestion des déchets nucléaires, l'épuisement des ressources non renouvelables de la planète etc. Ces problèmes sont les causes des conflits, de l'exil rural et des déplacements massifs de population. Ils ne nécessitent aucune répression militaire, mais des engagements politiques et une autre conception des rapports interpersonnels.

De surcroît, du point de vue écologique, l'armée fait partie du problème plutôt qu'elle ne le résout (pollution de l'air, apports de métaux lourds dans le sol, bruit). L'armée constitue par ailleurs un système social à part entière, qui regroupe les jeunes suisses en même temps qu'elle les isole physiquement de leur environnement normal pour leur inculquer des valeurs telles que la force, la compétitivité et la discipline. L'esprit critique est mis de côté alors que l'habitude d'une violence collective masculine s'installe. La situation contribue donc à la propagation d'un climat sexiste. Actuellement, il y a toujours plus de violence domestique en Suisse (l'armée ne contribue certainement pas à la faire diminuer), les femmes n'ont toujours pas d'assurance maternité et sont moins payées que les hommes. L'indépendance économique et une vraie égalité des situations sociales serait une bien meilleure garantie de la sécurité des femmes.

La Direction du Développement et de la Coopération (Département fédéral des affaires étrangères) mène une politique basée sur la prévention des conflits, mais elle est dotée d'un budget quatre fois inférieur à celui de l'armée pour 2003, et ne dispose pas de la même présence ni de la même prestance que l'armée auprès de chaque jeune suisse. Le service civil pourrait contribuer à cet effort. Pourtant, il n'a pas pour objectif de promouvoir la prévention ou la résolution non-violente des conflits, mais seulement d'occuper des milliers de jeunes qui cherchent une alternative à l'armée et à la violence. D'autre part, il faut pouvoir prouver l'existence d'un conflit de conscience pour être admis au service civil, alors que, sans condition, les recrues se voient confier une arme et s'exercent à tirer sur des cibles à forme humaine... L'institution militaire, inutile et chère, est aussi une énorme machine de propagande qui entretient la croyance selon laquelle la violence serait normale et nécessaire car elle serait inscrite dans nos gènes et dans la réalité façon tête galonnée !


Réflexion sur la mondialisation, inégalités et terrorisme

La sortie de la dernière guerre mondiale avait laissé rapidement un monde coupé en deux. Tout pouvait paraître simple : deux super-puissances jouant aux dominos avec chacune son propre camp et sa capacité de destruction totale.

Depuis la chute camp soviétique, le monde est devenu instable et incertain. Les inégalités ont explosé de manière spectaculaire. L'espérance de paix suscitée par la chute du mur de Berlin a tourné court. Le capitalisme, comme un rouleau compresseur, s'est soumis le monde, balayant tout sur son passage, en particulier tous les mouvements qui dans le tiers-monde s'étaient engagés dans un combat anti-impérialiste pour la libération de leur peuple. La défaite de ces mouvements a aussi été le recul des espoirs des peuples dominés d'arriver un jour à se libérer de la tutelle de leurs dominateurs.

C'est sur ce terreau de défaites que se sont développés, en particulier au Moyen-Orient, des mouvements religieux radicaux, souvent soutenus et financés au départ par les puissances occidentales européennes et américaines pour combattre les forces qui recherchaient l'émancipation des peuples. Depuis un certain 11 septembre, le terrorisme est (re)devenu au centre du discours et des actes des dominants de ce monde. Le terrorisme est stigmatisé et sert de justification à la guerre infinie, présentée comme LA solution pour l'éradiquer. Ce sont les populations civiles déjà meurtries d'un tiers-monde déstabilisé qui en feront les frais et le désir de vengeance ne fera que croître.


Conclusions

Les manifestations contre la guerre dont le GSsA est partie prenante sont le creuset où se prépare un monde qui rejette la violence, ce qui nécessitera de déboulonner les va-t-en guerre et autres militaristes qui gouvernent le monde. L'avenir est du côté d'une coopération pour un développement humain et pacifique. Notre engagement, c'est tout faire pour que demain cette voie soit celle des peuples et de leurs gouvernements.

Face au développement rapide de la mentalité militaire, un contre pouvoir citoyen et pacifique est nécessaire. Contre cette réalité armée autoritaire, une force de résistance doit porter l'alternative du désarmement généralisé car le recours aux armes ne résout pas les problèmes humains et sociaux mais, au contraire, permet aux hommes au pouvoir d'aller jusqu'au bout de leurs tendances de domination destructrices.
Le GSsA estime que les temps sont mûrs pour questionner le militarisme et ses justifications. Il faut aujourd'hui contester ce droit que les militaires se sont donnés de tuer pour prévenir les menaces et cette force qu'ils déploient pour imposer leurs philosophies, leurs styles de vie et leurs pouvoirs.

Le but fondamental du GSsA rejoint celui de la Charte des Nations Unis, organisation à laquelle nous venons d'adhérer, qui prône la résolution «par des moyens pacifiques» de tous les différends entre les nations et les peuples. En effet, les articles 1 et 2 exigent l'utilisation des moyens pacifiques pour régler les différends et demandent aux antagonistes de s'abstenir de recourir à la menace ou à l'emploi de la force pour contrer leurs politiques respectives ou pour imposer leurs contraintes.

Cette option posée, le GSsA, fidèle à ses motivations premières, peut être la convergence des voix de tous ceux et toutes celles qui, pour résoudre les problèmes de cette société, refusent le recours aux armes, l'usage de la force militaire et de la violence sous toutes ses formes, et qui seraient prêts à faire un travail au sein d'une organisation spécifiquement axée sur les questions militaires. À cette fin, nous nous proposons d'être un lieu de réflexion sur le désarmement et sur la recherche de moyens intelligents pour la résolution pacifique des conflits. Cette plate-forme implique d'autres luttes et d'autres résistances contre ces gouvernements qui imposent leurs décisions par l'utilisation des armes et les menaces de guerre. Cette lutte antimilitariste s'inscrit dans la lutte générale contre le pouvoir hégémonique qui régit notre monde et qui utilise l'armée comme ultime recours contre le mécontentement populaire et le désordre social. En luttant contre cette violence étatique institutionnelle, nous participons au combat contre la domination néolibérale et la puissance financière et èconomique. Le GSsA se propose de constituer un espace qui réunirait tous les individus en rupture avec cette mentalité dont l'armée est le symbole le plus criant.

Contre la puissance militaire

La montée vertigineuse de la puissance militaire nous oblige à maintenir la somme de travail que nous avons accompli depuis 1984 contre l'institution militaire. Historiquement, les actions directes ont fait la renommée du GSsA et nous comptions sur celles-ci pour dénoncer la dérive vers la mentalité militaire, démonter les représentations militaristes du monde et fustiger tout emploi des armes. Notre antimilitarisme se base sur notre expérience de contestation militaire développée lors de nos initiatives populaires et référendums. Après les initiatives, nous nous sommes associé avec les mouvements dont les buts sont les mêmes, notamment le Collectif Urgence Palestine (Genève et Vaud) qui envoie des missions civiles en Palestine pour témoigner du sort des Palestiniens. Nous sommes engagés dans le Collectif Contre la Guerre et menons conjointement des manifestations et d'autres actions de protestations. À chaque votation touchant l'armée, nous ne manquons pas de mener une critique globale de celle-ci. Lors des recrutements, nous apportons un soutien et de l'aide à toute personne réfractaire au militaire, objecteur, insoumis ayant des problèmes avec l'armée.

Un contre-pouvoir populaire fort est nécessaire pour contester l'armée, cette institution à caractère obligatoire ayant prise beaucoup trop d'importance dans la gestion des menaces. Le GSsA, dont la spécificité est être contre l'armée, se donne comme but principal une société sans armée, c'est-à-dire une société ayant adopté les réflexions qui aboutissent à des solutions nouvelles pour résoudre les problèmes humains autrement que par la guerre. Le GSsA, qui n'a jamais craint d'assumer la vision d'une société suisse sans armée, ne ménagera pas ses peines en vue de son avènement.

Tant que l'armée sévira, une force antimilitariste doit exister. Le GSsA prétend assumer ce rôle et il ne se dissoudra que le jour où la Suisse pourra vivre sans son armée, que le jour où les civils se seront réappropriés les commandes de leurs vies, de leurs communautés, de leurs politiques. Que le jour où nous aurons chercher la solution du côté d'une coopération pour un développement humain et pacifique. Pour que cette valeur devienne dominante, nous comptons sur vous pour y parvenir.

Nous savons tous à présent que si l'homme veut continuer son cheminement sur cette terre, nous devons tous rentrer dans une autre logique plus proche d'une autre réalité, celle qui mène à l'auto-construction de l'individu, de son âme et de la création de liens d'amour entres les gens et de convivialité dans nos environnements construits. En conclusion, un individu motivé autrement, une personne forte et consciente d'elle-même est parfaitement à même de se défendre quand il le faut, avec les moyens qu'il faut, sans encadrement, sans donner la mort, c'est l'alternative non-violente.

page preparée par :

Laurent Salzarulo
GSsA/Vd - Ecublens - assistant UNIL

Henri Vuillemin
GSsA/Ne - Neuchâtel - député Grand Conseil NE

Léana Ebel
GSsA/Vd - Lausanne - étudiante UNIL

Georges Tafelmacher
GSsA/Vd - Pully - objecteur de conscience, pacifiste, humaniste et antimilitariste





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Date de création : 20.04.2003   -   Dernière modification : 11.10.2005
Par :   Georges Tafelmacher   ©left 2005

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